Juste avant les cours [ PV puis LIBRE ]

Il ne restait qu'une heure environ, une heure avant le début officiel de l'année, avant la rentrée des classes. Une heure, c'est plutôt court. Chryseis devait se dépêcher. Elle avait fait le trajet en un temps record : rue - hall d'entrée - deuxième étage - dortoir - lit réservé - fenêtre. Pourquoi fenêtre ? Parce que clopes. Bien sûr, elle aurait pu fumer dehors, mais il fallait aussi qu'elle prenne ses affaires pour voir son nouvel emploi du temps. Elle avait deux minutes chrono pour une cigarette. Elle ouvrit la fenêtre en hâte, histoire de ne pas emplir la salle de fumée, sortit de la poche de son manteau un paquet, dont elle sortit une cigarette à la cerise, et fouilla dans sa poche pour en sortir un briquet. Qu'elle ne trouva pas. Elle grimaça. C'était vrai, elle avait encore oublié de s'en racheter un. Soit elle les perdait, soit elle les prêtait et ne les revoyait jamais. Il fallait décidément remédier à cela. Mais pas ce matin, non, pas ce matin, elle n'avait pas le temps. A râler, elle avait perdu quelques précieuses minutes. Chryseis n'aimait pas être en retard. Elle enfourna la cigarette dans le paquet et le paquet dans la poche, et se détourna de la vue qui s'offrait à elle. Jolie vue, pourtant : un parc certes trop petit mais charmant, une piscine aussi attirante qu'une glace à l'italienne [ à la menthe ], et, plus loin, la rue. Mais tout cela, elle le connaissait déjà grâce à sa première année passée en ces lieux. Cela c'était plutôt bien déroulé, et elle revenait ici sans aversion particulière. Enfin quoi, c'était plutôt agréable de revoir tout le monde. L'année s'annonçait bien. La jeune fille se dirigea avec une tranquilité nouvelle vers son lit, un léger sourire aux lèvres. Elle ôta son manteau, le suspendit dans l'armoire qui siégeait, imposante, contre le mur. Puis elle s'agenouilla, fit craquer son genou. Cela l'amusa ; elle entendait encore quelques anciennes amies lui faire remarquer d'une voix chevrotante que, et oui ma vieille, c'est ça le début d'la vieillesse. Elle avait seize ans. Enfin, pas à proprement parler, mais elle les aurait dans un peu plus d'un mois. Les gens disaient qu'elle était plutôt mature pour son âge. Elle, elle ne prêtait pas d'importance à ce qu'ils disaient.
Comme de bien entendu, une mélodie ne tarda pas à venir envahir son front. Fouillant dans son sac, elle chantonna. We don't need them, we don't need them. Elle aimait bien. Comme souvent, les paroles lui échappaient - elle ne connaissait pas ce groupe depuis longtemps. Elle sortit une feuille de son sac en bandoulière, celui qu'elle préférait, celui en tissu indien et aux couleurs vives. Il était inscrit, en haut, à gauche, Emploi du temps de JEWAL Chryseis, 2e Art-ED. Elle y jeta un oeil, comme elle l'avait fait des dizaines de fois depuis qu'elle l'avait reçu. Premier cours de l'année : Anglais. Magnifique. Chryseis aimait bien l'Anglais. Ce n'était pas sa matière préférée, qui était sans conteste la Musique. Mais elle appréciait assez ce cours pour avoir hésité à choisir une filière Littéraire.
Suivant du regard la colonne du jour, elle emplit son sac avec les affaires correspondantes. A la voir, on aurait vraiment dit une fille studieuse. Peut-être l'était-elle, finalement, un peu. Une fois tout ça près, elle glissa dans la poche avant son portable. Quant au mp3, indispensable, elle glissa le boîtier dans sa poche et glissa les écouteurs dans ses oreilles. Billy Talent.


[ HJ D'abord réservé à Olette, ensuite, poste qui veut ]

Mémoriser les choses. C’était fondamental pour ne pas se perdre par la suite. Malheureusement, Olette n’avait pas vraiment le temps d’y faire pour le moment puisqu’elle avait son regard fixé le plan de l’école que l’on lui avait remit. Première année dans une nouvelle école. A présent, la jeune fille jouait dans la cour des grands. Et elle trouvait ça un peu effrayant pour tout avouer. Relevant la tête de temps à autre, son regard noisettes cherchait à reconnaître les noms des lieux marqués sur le papier qu’elle tenait fermement. Ce n’était pas normal de chercher son chemin à ce moment là de la journée, à quelques heures des cours. Mais voilà, son train avait eu du retard. Une histoire de panne sur le début de la ligne qui avait obligé la jeune fille à attendre la veille au soir, au lieu du matin précédent. La dernière arrivée dans l’école sans doute. Heureusement qu’elle n’était pas arrivée après le début des cours, sinon, la situation aurait put être encore pire. Tirant derrière elle une valise à roulettes, beige avec quelques fleurs orangées dessus, elle se demandait vraiment comment elle allait faire pour aller poser ses affaires, sortir celles de cours et ensuite se rendre en classe avec le peu de temps qu’elle avait. Décidément, trop de choses à faire pour qu’elle puisse mémoriser ce qu’il y avait autour d’elle.

C’est ainsi qu’elle arriva finalement au lieu souhaité, les dortoirs. Ouvrant une porte, elle tomba sur une pièce assez jolie et assez grande qui possédait des lits autour desquels des affaires étaient déposées. Cherchant du regard un lit vide, la jeune Olette en vit un qui semblait être libre. Mais, parce qu’il y a toujours un mais dans ce type de situation, une jeune fille se trouvait à côté du suivant et elle n’osait plus vraiment avancer. Elan de timidité, une fois de plus sans doute. Quelques secondes passèrent et comme la première occupante de la pièce ne semblait rien remarquer, l’adolescente aux cheveux châtains s’approcha de quelques pas, retenant avec difficulté son envie de s’asseoir. Elle se sentait assez fatiguée pour tout avouer. Plusieurs heures passées à la gare, son train qui n’arrivait pas, le fait d’avoir voyagé de nuit, tout cela avait été assez éprouvant pour la première année. Cependant, Olette ne se laissa pas abattre, après tout, elle devait aller en cours bientôt. Cours qui était ? Les yeux noisettes de la jeune fille s’écarquillèrent tandis qu’elle se demandait si elle avait bien prit son emploi du temps avec son plan. Avec un léger soupir de soulagement, elle se souvint que c’était bien le cas et se rappela qu’elle l’avait tout simplement mit dans sa valise, après tout, elle pourrait toujours le ressortir dans quelques minutes.

Son regard brillant se reposa alors sur celle qui était sans doute une de ses camarades et elle fut assez impressionnée par sa couleur de cheveux. C’était vraiment original… Et Olette appréciait à sa juste valeur les choses différentes. Par contre, l’autre portant des écouteurs, la jeune fille se demanda si elle n’écoutait pas de la musique. En tout cas, assez fort pour qu’il ne serve rien à la cadette de parler. Mais non, ce n’était sans doute pas le cas puisque l’adolescente n’entendait pas la musique. Et en général, les gens pouvaient encore nous entendre dans ce type de cas. S’avançant encore un peu, tout en clignant plusieurs fois des yeux quelques secondes pour se maintenir éveillée, elle afficha un sourire calme et sincère, avec une pointe de gêne aussi et parla. Pas trop fort, parce qu’elle était un peu timide et de manière un peu maladroite et hésitante mais de manière à ce qu’on puisse l’entendre et la comprendre tout de même.

« Bonjour. Euh…Excusez moi mais… Enfin… le lit à côté du votre est-il libre ? J’aimerais… Enfin… Je voudrais y déposer mes affaires pour me rendre en cours… C’est que je suis fatiguée et que j’ai voyagé tout la nuit… Mais si ce n’est pas libre, j’irais voir ailleurs, ne vous inquiétez pas. »

La benjamine avait fait de son mieux pour bien s’exprimer, clairement mais sur le coup, elle n’était pas sûre d’avoir bien formulé. Ben, après tout, ce n’était pas grave, on verra bien le résultat.